vendredi 20 février 2015

Celui qui connaissait le secret


Aujourd'hui, au moment même où j'écris, je prépare des crêpes pour les filles. 

Oui, vous lisez bien: j'écris en même temps que je fais des crêpes, et je vous assure qu'il vaut mieux lire mes bêtises que manger mes crêpes. (En même temps, vous allez me dire: si je me concentrais un peu sur les crêpes au lieu d'écrire...)


Les filles, peu habituées à me voir mettre la main à la pâte (elle était facile, mais je devais la faire au moins une fois), tournent autour de moi avec de grands émerveillés, à moins que ce soit seulement dû à l'effet de surprise...


Aurore:  "Papa, tu feras attention, quand on fait des crêpes, ça colle à la poêle. "


Moi, après plusieurs pâtés informes et totalement inmangeables: "Oui, j'avais remarqué que tout ne se passe pas comme dans un dessin animé..."


Puis Aurore, livrant une confidence : "Babou, quand elle fait des crêpes, c'est tout le temps raté. Mais moi, je sais pourquoi c'est tout le temps raté."


Moi, curieux et impatient de connaître enfin le secret d'une crêpe réussie: "Ah bon, et alors pourquoi ?"

"Oui. C'est parce qu'elle ne sait pas du tout les faire..."

...

Note pour plus tard: toujours penser à s'entraîner longuement, dans l'intimité la plus totale, avant de tenter une activité avec les enfants...

jeudi 29 janvier 2015

Celui qui avait un lourd passé


Cette semaine, les filles ont découvert l'existence d'un réseau social que beaucoup d'entre vous connaissent sûrement, que certains ont peut-être même déjà testé, et que d'autres cherchent probablement à oublier. 

Il s'agit de "Copains d'avant".

Elles adorent ce concept, sachant quand même que pour elles, les copains d'avant sont en réalité... ceux de maintenant. 


Elles arrivent à me persuader de partir à la recherche de mes vieilles photos de classe. Je relève le défi. Je remonte le temps comme je peux, m'accrochant à quelques noms soutirés à ma mémoire, explorant les parcours laissés par les anciens, et qui finiront par nous conduire jusqu'aux photos de mon école primaire. 


Nous voici arrivés au tout début des années 1980, dans une petite école quelque part en province. 


Et là, c'est le choc. D'une seule voix, les filles s'écrient : "Haaaaaan !!!! Papa il avait la tête d'Agnan-le-chouchou-de-la-maîtresse !!"

...

On a souvent tendance à sous-estimer le danger des réseaux sociaux, surtout avec des enfants. 


Mais je dois bien l'admettre: tout est vrai. Si jamais vous tombez un jour sur une photo de Philippe Katerine à l'école avec son sous-pull synthétique et des lunettes cul-de-bouteille, eh bien sachez que ce n'est pas Philippe Katerine. C'est moi. 


jeudi 8 janvier 2015

Pour Charlie




Nous avons trois filles, de 6 à 10 ans. Aujourd'hui, nous leur avons expliqué ce qui s'était passé : un acte de guerre contre la liberté, des armes à feu contre des rires. 

L'une de nos filles, d'à peine huit ans, a été surprise: elle ne savait même pas que les armes existaient encore... 

Je lui enviai sa naïveté. 

Mais à présent, cette si jolie naïveté a du s'effacer devant la terrible réalité: nos filles ont découvert que des hommes en tuait d'autres pour leurs idées, pour nous avoir fait rire. 

Personne ne devrait jamais tuer pour des rires. 

Nous leur avons expliqué que ces hommes ont voulu s'en prendre à ce que nous avions de plus précieux en nous: la liberté, mais que la liberté, nous n'allions pas l'abandonner, que nous allions la défendre avec nos armes à nous. 

Nos armes à nous, ce sont nos idées, nos dessins, nos mots. Et nous ne cesserons jamais de nous en servir, nous ne les baisserons pas devant leur terreur et leur lâcheté. 

Elles nous ont cru, et elles nous font confiance. 

Nous leur avons montré ce qui, aujourd'hui, était beau: cette mobilisation historique de nombreux peuples sur notre planète, cette solidarité qui ne connaît aucune frontière, donne chaud au cœur et nous permet de garder espoir dans l'humanité. 

Trois mots pour finir: Liberté, Égalité, Fraternité.