Il faut que je vous avoue quelque chose: je n'ai strictement aucune mémoire pratique (vous savez, celle qui sert à penser à ramener du pain, penser à appeler le médecin, penser à récupérer les courses, à renouveler l'abonnement au cinéma, etc, etc, etc. ). C'est assez désespérant, mais en contrepartie, ça me pousse à être créatif pour régulièrement trouver des excuses qui soient un minimum vraisemblables...
Pour essayer malgré tout de m'en sortir au quotidien, j'ai toujours dans mes poches un nombre incroyable de Post-it de toutes les tailles et de toutes les couleurs, avec tout ce que je ne dois pas oublier.
Bien entendu, j'oublie de les regarder, je les oublie dans mes poches, et ils finissent dans la machine à laver, si bien que je retrouve tout le temps des miettes de Post-it dans le linge propre (ne vous demandez plus d'où viennent tous les confettis que vous utilisez dans vos fêtes...)
Heureusement, pour la dernière fête des pères, l'institutrice d'une de mes fille a eu la merveilleuse idée de faire fabriquer à nos enfants de splendides pense-bêtes pour les papas vraiment tête-en-l'air.
Et c'est réussi: quand on est dans la même pièce, il est impossible de le manquer, et même impossible de se concentrer sur autre chose.
Il ne restait qu'un seul détail: penser à l'emmener au travail pour l'utiliser... Et pourtant, je savais que je devais m'attendre à de sérieux problèmes si je me faisais encore prendre en flagrant délit d'amnésie. Il y a quelques années déjà, Charlotte était tombée sur le magnifique pot à crayons qu'elle m'avait fabriqué pour sa première fête des pères, mais qu'une suite d'événements improbables m'avait sûrement empêché d'emporter à mon bureau.
Sa réaction ne s'était pas faire attendre: (sur un ton saturé de reproches) "Mais enfin Papa! Tu n'as pas emmené ton pot à crayons à ton travail ?!?"
Moi (Excuse bidon trouvée dans la seconde): "Non mais là, tu vois, je change de travail, alors je l'emmènerai dans mon prochain bureau, ce sera bien mieux..."
Cette fois-ci, je ne m'en étais pas trop mal sorti.
Je n'ai pas retenu la leçon.
Il y a quelques jours, je laissais négligemment trainer mes précieux Post-it sur la table de la cuisine, pas peu fier d'avoir pour une fois pensé à les sortir de mes poches, quand j'entends Elise s'écrier (furieuse):
"Comment ça !?! Tu utilises des Post-it alors que je t'ai fabriqué un pense-bête à l'école ! Mais enfin, tu te rends compte, j'ai mis quatre jours à le faire !!!"
...
Et ce n'était pas fini: "Et puis d'ailleurs, tu l'as mis où, le pense-bête que je t'ai fabriqué ?!"
Moi (embarrassé, avec une crédibilité proche du néant): "Eh bien, tu vois, je l'ai rangé dans une boîte en plastique à la cave pour être bien sûr qu'il ne soit pas abimé."
Bourde diplomatique majeure...
Depuis, pour me rattraper, je suis obligé de prendre des photos de tous mes cadeaux en situation: le pense bête à côté de l'ordinateur, le pot à crayon et son meilleur copain mon mug à café, le rond de serviette qui m'accompagne en réunion de direction (oui, je vous assure que je fais un malheur avec cet accessoire...)
Le pense-bête tient la comparaison sans problème |
Mais ce n'est pas tout: il est absolument impératif que l'exposition "L'histoire des cadeaux de fête des pères à l'aube du 21ème siècle" demeure permanente.
Eh oui: en cas de visite surprise des filles à mon bureau, elles doivent pouvoir vérifier à n'importe quel moment que leurs cadeaux sont non seulement visibles par tous mes collègues (environ 2500), mais également utilisés à bon escient (c'est à dire certainement pas pour caler une armoire...)
A tel point que si un jour vous venez visiter mon bureau, vous constaterez au premier coup d'œil que la déco ressemble à s'y méprendre à celle d'un centre aéré (je pense ça doit me valoir un paquet de surnoms ridicules qui circulent dans les couloirs...)
D'ailleurs, il faut absolument que je pense à ne plus jamais inviter personne dans mon bureau.
Je vais le noter sur mon pense-bête.
PS: Si vous n'avez pas vu le film Memento, achetez-le, louez-le, VODez-le ou même piratez-le. Le héros, suite à un traumatisme crânien, perd toute mémoire à court terme, et afin de retrouver le meurtrier de sa femme, il note tout sur des post-it, des Polaroïds, se tatoue des indices sur la peau. C'est bien ficelé, et quand on commence à le regarder, on ne peut plus décrocher...
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