Il y a quelques mois, j'écrivais ici même qu'avec l'aide d'une poignée de parents bien motivés (et peu conscients), nous avions planifié de monter le carnaval du siècle pour les enfants de l'école Romain Rolland.
Et bien voilà, c'est fait. Non sans difficultés, il faut le reconnaître, et après avoir affronté de nombreux obstacles, le premier d'entre eux étant cette préoccupante question : "Mince, mais par où on commence ?!?". Après avoir fait face à quelques chausses-trappes administratifs, et sans oublier la difficulté de se coordonner entre parents pas toujours disponibles en même temps, nous sommes enfin arrivés à mettre sur pied une organisation infaillible.
Pourtant, malgré un plan imparable qui eut raison de toutes les résistances imaginables, il restait un paramètre non négligeable qui nous échappait complètement: la pluie...
Oui, car revenons quelques jours en arrière et penchons-nous sur notre situation: c'est peu reluisant, une sombre couverture nuageuse fait planer insidieusement sur nous une menace terrible : le défilé risquerait d'être annulé pour d'obscures considérations météorologiques.
Et pas de défilé, pas de grande bataille de confettis !! Allô ?! Non mais allô, quoi ! T'es un carnaval et t'as même pas de confettis ?!? Allô ? Allô ?! C'est comme si je te disais : t'es un carnaval et t'as même pas de déguisement ! (Note: L'effet comique de cette vanne s'auto-détruira dans les semaines qui viennent. Si vous tombez dessus en venant du futur de cet article, vous allez la trouver dramatiquement nulle...)
Mais finalement, en arrivant à l'école le jour venu, toutes les craintes sont effacées : c'est du soleil qu'il nous fallait ? Pas de problème, nous en avons 126, des soleils, tous radieux...
Malheureusement, je suis assez pauvre en déguisements, et il va me falloir remettre à l'année prochaine mon projet de prendre l'apparence de l'espion le plus attirant de tous les temps : Austin Powers. C'est ainsi que j'arrive à l'école, seulement armé pour résister au froid. Par chance, un des parents de l'association a pu apporter quelques accessoires, et me tend un chapeau melon noir, parfaitement à ma taille. Je le garde sur ma tête, et l'oublie aussitôt tant il semble avoir été fait pour moi. C'est alors qu'un enfant, me remarquant, lance : "Hé ! Regardez ! C'est Charlie Chaplin ! ". Et tous les autres, me regardant en souriant : "Oui ! Oui ! C'est Charlie Chaplin ! ". Pourtant, ce sont les vêtements que je porte tous les jours ?!? Ok, donc vous voulez dire qu'avec ma tenue habituelle, il suffit de presque rien pour que j'aie l'air d'un vrai clodo ? Non, tout va bien, je vais juste aller me reposer 5 minutes...(D'accord, j'avoue que je ressens quand même une fierté sans limite, qu'il ait suffit de si peu pour ressembler, ne serait-ce que vaguement, au vagabond le plus attachant de tous les temps...)
Le temps est maintenant venu d'effectuer notre sortie, et partir joyeusement à la conquête du quartier pour reprendre à l'hiver, une à une, les rues autour de l'école, à grands coups de décibels, de maracas fabriqués à la main par des petites mains, et de milliers de confettis dissimulés dans les centaines de poches de nos dizaines d'enfants. Les institutrices procèdent à l'appel pour passer nos troupes en revue : Spiderman est présent 32 fois, Raiponce présente 14 fois, Blanche Neige 8 fois, et on compte pas moins de 18 cow-boys, 22 pirates des caraïbes, 5 zorro, 4 chevaliers, un ninja, une brique de Lego, 6 sorcières, sans oublier une armée de fées et de princesses, et surtout, surtout : Michaël Jackson lui-même, plus zombie que jamais, semblant sortir tout droit d'un clip vidéo des années 80...
Difficile d'endiguer toute cette énergie: sitôt les portes de l'école ouvertes, c'est une véritable vague d'enthousiasme qui déferle dans les rues, à peine contenue par les quelques parents bientôt atteints eux aussi par tant de bonne humeur contagieuse...
Rien ne nous résiste : les commerçants, passants et automobilistes semblent acquis à notre cause, et certains s'arrêtent même pour nous accompagner !
Alors que nous entrons dans la rue du chaudron, il nous vient une idée fantastique : l'endroit semble idéal pour une embuscade, nous allons en profiter pour faire une petite farce aux enfants, et les couvrir de confettis.
Avec deux autres parents, nous dépassons tout le groupe, prenons de l'avance, et mettons notre dispositif en place : un parent posté à la sortie d'une impasse, pour les attaquer par le flan quand ils avanceront, pendant que nous nous plaçons de chaque côté de la sortie de la ruelle, armés de sacs de confettis afin qu'aucun d'entre eux ne puisse nous échapper.
Ils arrivent à notre niveau, confiants et pensant que nous sommes là uniquement pour les protéger de la circulation, nous déclenchons l'attaque et c'est alors une véritable averse de confettis qui s'abat sur eux, accompagnée de grands éclats de rire...
Puis nos pas nous ramènent vers l'école où nous attend le goûter, qui sera la dernière victime de cette journée mémorable. L'opération est un vrai succès, nous revenons victorieux : l'hiver est terrassé, il n'est pas près de revenir de si tôt. Oui, bon, c'est vrai que cette semaine, il semble bien résister, mais avec notre coup d'éclat, nul doute qu'il est en train de vivre ses derniers jours.
Non, vraiment: j'aime quand un plan se déroule sans accroc...
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