Si vous avez dans l'idée d'occuper des après-midis pluvieux avec des enfants...
Pour tout vous dire, si je respectais un minimum de logique dans la gestion du temps, cet article se trouverait avant celui du Carnaval de l'école. Mais seulement voilà: sur ce blog, le temps s'écoule sans aucune cohérence, et du coup, tout devient possible et imprévisible.
Alors voilà: quelques semaines avant le début de cette petite fête pour laquelle je m'étais retrouvé, par un concours de circonstances des plus invraisemblables, parmi les parents organisateurs, les enseignants nous proposèrent de faire participer les enfants aux préparatifs, en mettant sur pied des ateliers au cours desquels nous les aiderions à fabriquer eux-mêmes des instruments de musique. De cette manière, nous participerions au projet pédagogique, et ainsi à leur épanouissement scolaire. On ne pouvait pas rêver mieux.
Dommage. C'est vrai, jusqu'ici, tout semblait très bien se passer, les choses se mettaient tranquillement en place, mais il a fallu rencontrer cet obstacle. Eh oui, il fallait bien être réaliste : ce n'était pas raisonnable pour moi d'accepter avec les maigres compétences que j'ai en matière de loisirs créatifs.
C'est exactement le même problème que pour le bricolage (rappelez-vous) : comment voulez-vous arriver à quelque chose avec deux mains gauches et dix pouces ? Dès le tout début de ma scolarité, je compris très vite, en comparant mes réalisations avec celles de mes petits camarades de classe, que je n'aurai aucun avenir dans les travaux manuels, ou tout ce qui pouvait demander un minimum d'habilité ou de précision avec des doigts.
C'est pourquoi j'ai immédiatement répondu : "Mais bien sûr, quelle bonne idée ! Nous nous débrouillerons très bien avec les enfants, et ils seront ravis !" (Google Translate : "Mais vous êtes complètement dingue ou quoi ? On a aucune expérience en animation, et ça va être une vraie catastrophe !").
Mais pas de panique: à ce stade, personne ne soupçonne encore mes points faibles, et il me reste une chance, en faisant appel à une ressource inépuisable. Oui, c'est le moment de taper une petite recherche Google : "Comment fabriquer des maracas avec rien, mais vraiment rien, même pas le début d'un truc, pas la moindre idée non plus, et en plus il faut que ça ne coûte rien, et que ce soit facile à faire en une heure par des adultes très maladroits et des enfants de 3 à 9 ans très très en forme".
C'est d'ailleurs probablement avec la même requête que vous êtes arrivé sur cette page. Il est peut-être possible d'arriver également à de bons résultats avec seulement trois ou quatre mots, il faudra que je pense à vérifier.
J'ai rapidement trouvé des fiches pratiques pour fabriquer des maracas avec des rouleaux de papier hygiénique, ou des rouleaux d'essuie-tout. Ça avait l'air d'être facile, rapide et amusant. Exactement ce qu'il me fallait. (Les liens des fiches pratiques trouvées sur d'autres blogs sont à la fin de cet article.)
Avant de lancer les ateliers à l'école avec les autres parents, avec des groupes d'enfants que je ne connaissais pas, et en plus en temps limité (niveau de pression: demi-finale de Top-Chef), le mieux était de faire des tests à la maison, tranquillement (ou pas), avec mes propres filles.
J'appris un peu plus tard que les autres parents, qui avaient pourtant accepté sans sourciller, n'en menaient en réalité pas plus large que moi malgré leur décontraction apparente, et avaient fait les mêmes recherches que moi, avec des séances d'essai à la maison eux aussi. Je fus un peu rassuré : après avoir imaginé que les maracas n'avaient plus aucun secret pour eux, je voyais que nous pourrions avancer ensemble (en partant tous de loin).
J'appris un peu plus tard que les autres parents, qui avaient pourtant accepté sans sourciller, n'en menaient en réalité pas plus large que moi malgré leur décontraction apparente, et avaient fait les mêmes recherches que moi, avec des séances d'essai à la maison eux aussi. Je fus un peu rassuré : après avoir imaginé que les maracas n'avaient plus aucun secret pour eux, je voyais que nous pourrions avancer ensemble (en partant tous de loin).
Le jour des rush à la maison, j'ai fait quelques photos, une sorte de making-of, au cas où, on ne sait jamais, il me viendrait l'idée dangereusement délirante de recommencer l'année prochaine...
Pour le matériel, rien de très compliqué, il s'agit surtout de récup´ : rouleaux de papier toilette ou d'essuie-tout (vides, bien entendu), du papier et de la peinture (pour la déco), des feuilles de carton fin ou du papier sulfurisé, du riz, des pâtes ou des lentilles, du scotch, et des bouchons de bouteille de lait.
Passons à la fabrication :
Étape n°1 : préparez-vous un café.
Étape n°2 : dessinez des œufs au plat (un petit rond dans un grand rond) dans une feuille de carton fin, ou bien dans du papier sulfurisé: une fois que c'est tendu et collé, ça résonne bien, c'est parfait.
Ça donne ça :
Le rouleau vide servira à faire un cercle du bon diamètre dans le grand cercle |
Etape n°3 : découpez vos œufs au plat à l'aide d'une paire de ciseaux. (Si vous avez de la main d'œuvre gratuite, c'est le moment de l'utiliser).
J'ai quand même du affronter plusieurs mouvements de grève... |
Un aperçu de la chaîne de production |
Etape n°4 : faites-en des marguerites, en faisant des entailles jusqu'au cercle intérieur.
C'est plus facile en image:
Etape n°5 : préparez vous un café.
Etape n°6 : collez une de ces marguerites à une des extrémités du rouleau. Le plus rapide est de le faire avec du scotch (genre chatterton). Nous avons essayé également la colle à papier peint. C'est efficace, mais le temps de séchage rend cette technique inutilisable quand on manque de temps.
Etape n°7 : remplissez le maracas avec une poignée de riz, de pâtes ou de lentilles. Pensez VRAIMENT à le remplir. Ça parait idiot, mais nous l'avons oublié plusieurs fois, et du coup ça fait juste un rouleau de papier toilette vide, joliment décoré, mais pour l'aspect musical, c'est raté...
Etape n°8: une fois rempli, il faut refermer le maracas en scotchant une marguerite à l'autre extrémité du rouleau.
Etape n°9 : préparez-vous un café.
Etape n°10 : pour la décoration, nous avons essayé deux solutions: les enfants peuvent peindre directement sur l'instrument, ou bien faire leurs peintures d'abord sur des feuilles, qui seront ensuite scotchées ou collées sur le maracas, ce qui permet de faire des mini-ateliers (ou des ateliers de sous-traitance, si vous préférez).
Préparation des feuilles adaptées au format du rouleau |
Etape n°11 : préparez-vous un déca cette fois, sinon vous n'arriverez jamais à dormir ce soir.
Nous avons également essayé une autre solution technique pour boucher les extrémités des rouleaux : scotcher des bouchons de bouteille de lait directement sur des tubes de Sopalin. C'est très efficace également, et on évite les étapes œufs au plat et marguerite, ce qui permet de gagner pas mal de temps.
Voilà, c'est terminé. Au final, comptez un café vidé pour trois maracas remplis. Ça fait une bonne moyenne, et de cette manière, vous vous donnez de sérieuses chances de gagner toute l'estime de George Clooney, voire son amitié profonde en contribuant activement à financer ses prochaines vacances.
Armé de toutes mes nouvelles connaissances, et fort de ces essais, je rejoignis les parents à l'école le jour prévu, fin prêt pour les ateliers avec les enfants. En plus de cela, j'avais encore une botte secrète pour me les mettre dans la poche: en guise de blouses pour la peinture, j'avais ramené mes vieux T-shirts pyjamas, et je m'étais réservé mon T-shirt fétiche, avec un logo "Leroy Merlin" détourné en "Legros Malin". Eh bien, ça a énormément plu à tous ceux qui savaient lire...
D'accord, je pense que j'y ai beaucoup perdu en crédibilité, parce que bon, venir à l'école en pyjama, il faut être vraiment étourdi ou complètement inconscient... Souvenez-vous : quand on est petit, il arrive que l'on fasse ce mauvais rêve: on se retrouve à l'école en pyjama, devant toute la classe. Et normalement, à ce moment-là, on se réveille, encore tout haletant d'angoisse. Il faut croire qu'en grandissant juste un peu, je suis devenu ridicule-proof. Parce que oui, je viens à l'école en pyjama, devant tous les enfants, et même devant leurs parents, et je n'ai même pas l'air gêné. Il suffit de faire comme si tout était normal, et ça passe tout seul. Après tout, aucun des parents qui étaient présents ne saura jamais qu'il m'a vu en pyjama à l'école...
Et puis, pour faire habilement diversion, nous avions tous les instruments que les enfants avaient fièrement réalisés de leurs mains, sans se douter une seule seconde qu'arriver à ce résultat avec moi tenait du miracle. Il y a peut-être une part de magie dans cette histoire...
Avant, j'étais vraiment nul en loisirs créatifs.
Mais ça, c'était avant.
Et voici où j'ai trouvé des fiches pratiques pour fabriquer des maracas avec des rouleaux de papier hygiénique, ou des rouleaux d'essuie-tout : chez Mathilde créations, Le blog de haricot magique, ou encore Les ptits petons.